Lettre à Isaac Asimov

Cher professeur,

Ce n’est pas la première fois que je m’adresse à vous tant je me suis imaginé le faire des centaines de fois dans ma tête. Vous n’ignorez donc sûrement pas à quel point j’admire votre travail. Enfin, je sais bien ce que vous vous dites : comment diable le pourrais-je si toutes ces conversations n’ont eu lieu que dans votre esprit ? Eh bien c’est très simple ! Laissons notre monde de côté, voulez-vous et partons du principe qu’il soit possible d’entretenir une sorte de relation épistolaire posthume et intemporelle. Jusque-là vous me suivez ? Parfait. Ce serait, dans mon univers, comme si je vous invitais à venir prendre un café en Charivari ou, dans le vôtre, que nous partagions ce même instant au quartier général des Éternels. Là, je pense que vous m’avez saisi, impeccable.

Fort de cette situation de départ, je poursuis donc mon courrier à votre intention. J’ai découvert vos écrits lorsque j’étais en apprentissage. Je me rappelle ce moment comme si c’était hier. Je ne me souviens plus ce qui m’avait amené à errer dans les rayonnages de la médiathèque, mais c’est dans l’un d’entre eux que j’ai trouvé un de vos récits, un roman : La Fin de l’Éternité. C’était une vieille édition, sa couverture (voir en fin d'article) était à la fois repoussante et intrigante, mais c’est précisément le titre qui a affuté ma curiosité, je me suis assis dans un siège et j’ai suivi Andrew dans son aventure, presque tout l'après-midi.

Quelle joie, une douce intrigue, un livre qui semblait parler directement à mon imaginaire, comme s’il avait été écrit pour moi. Tout d’abord à cause du thème, je fais partie de ces gens qui sont fascinés par le temps et bien sûr par toutes les possibilités qu’offre l’idée même de voyage dans le temps. Je le sais, car cet intérêt est présent depuis que je suis tout petit, j’en ai pris conscience quand j’ai vu The Time Machine, pas le récent, mais la version originale de 1960. C’était à l’école, durant les pauses de midi, on pouvait rester voir des vieux films avec un pique-nique, je me rappelle plus qui organisait ça, mais c’était vraiment chouette, j’y ai vu de très bon films de science-fiction qui m'ont nourri.

Et puis, il y avait les personnages, l’intrigue qui m’a beaucoup marquée et continue encore aujourd’hui de m’inspirer. Celle qui court derrière la saga du Siècle Imaginaire, la grosse trame dont j’ai déjà imaginé la fin, s’inspire très clairement de la thématique que vous abordez et la façon très positive et inattendue de finir ce roman. Pour moi, c’est grâce à votre style et ce roman, professeur que j’ai voulu m’essayer à l’écriture, j’aime votre rythme, cette façon de régler des immenses intrigues, comme dans Fondation, au détour de simples conversations entre deux personnages, l’air de rien. Cela demande tout un travail que je commence parfois à mesurer. C'est pourquoi je suis honoré de commencer ce jeu épistolaire à mes inspirations, par vous.

C’était une occasion pour moi de vous remercier, car j’ai appris en vous lisant, en côtoyant vos univers, qu’on pouvait écrire des histoires pour soi, qu’on ne devait pas plaire à tout le monde. Même si, aujourd’hui dans mes nombreux projets, j’en ai peu qui sont des ouvrages de science-fiction, il n’empêche que je vous dois beaucoup dans l’apprentissage de la narration. Pour cela, et pour toutes les fois où vous m'avez permis de m'évader, lorsque j’ai rêvé d’explorer le temps comme un Éternel, de visiter les siècles cachés ou d’accomplir une petite escapade sur Trantor, je vous remercie du fond du cœur.

Bien à vous, professeur.

Damien
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