Exit le bouclier du héros.
L'exorcisme de mon pessimisme.


Aujourd’hui, je voulais inaugurer ce premier « Cogitations » avec une réflexion autour de la perception de notre avenir au travers de l’imaginaire. C’est un sujet qui me travaille depuis plusieurs mois, alimenté par plusieurs sources, dont deux que je me fais un plaisir de te partager tout au long de ce texte. Je précise que non seulement ces vidéos m’ont beaucoup fait réfléchir mais m’ont aussi amené des moyens d’étayer cette idée, c’est dans un souci de transparence que je te les partage, mais avant tout aussi, parce que je trouve celles-ci particulièrement excellentes.

Alors je ne suis sûrement pas la personne la mieux placée pour énoncer des faits comme ça, simplement basés sur ma propre perception de notre époque et de notre culture. D’abord il faut savoir que généralement je m’efforce de ne pas déclamer des vérités absolues, ensuite je ne suis ni sociologue, ni historien, je ne suis pas un spécialiste de la littérature ou du cinéma et enfin je crois que les gens se permettent trop souvent de donner un avis sur tout, surtout quand il n’est pas souhaité. C’est donc avec humilité que je livre ici une pensée sur un thème qui me touche puisqu’il est directement lié à mon activité d’écriture et je précise que cela n’engage que moi.

Cela a commencé avec un constat. Beaucoup d’histoires aujourd'hui, qui prennent racine dans l’imaginaire que ce soit au travers de la science-fiction ou de la fantasy, sont assez peu positives, rassurantes ou juste simplement optimistes. Or, ne serait-ce pas justement la raison d’être de ces genres, qu’ils soient littéraires ou cinématographiques ? Nous faire rêver dans certains cas, nous permettre de nous projeter dans l’avenir pour d’autres, faire un pas en arrière pour pouvoir mieux considérer notre vie, nous amener à nous poser des questions sur l’existence, sur nos choix ou du moins à minima nous divertir ? Marre des mondes post-apo, des dystopies sur des thèmes si vieux (comme les IA) qu’ils font désormais partie de notre réalité et de tout ce cortège de négativité autour d’un futur où il n’est jamais permis à l’humanité de s’en sortir.

Pour ma part, j’ai dû mettre en place un certain nombre de stratégies pour ne pas laisser le monde et toute sa fatalité, son actualité et tous les non-sens de notre époque, m’atteindre trop. Même si cela est un peu illusoire, je l’avoue. Alors oui, je trouve mon compte de magie, dans une série superbe et originale, dans un film hallucinant ou dans un roman captivant. J’alimente mon propre optimisme avec mon imagination et j’y atteins la plupart du temps mon saoul, quoi que. D'ailleurs je trouve que cela augmente avec les années, que plus ça avance, plus je me dis que ce n’est pas assez, que bien des moments, la fatalité environnante transpire à travers ces narrations et que cela manque de légèreté, d’une volonté de se focaliser sur ce qui va, voir même d’une naïveté assumée.
Alors je sais bien ce que tu te dis, c’est vrai que ça sert aussi à ça. Évidemment ! Bien sûr que la SF ou les récits dystopiques sont là non seulement pour nous mettre en garde de certaines dérives ou bien permettre une critique de notre époque. De là pourtant, il n’y a qu’un pas à s’oublier dedans et ne pas se rappeler qu’elle sert aussi à nous forger notre capacité à s’inventer un futur clément. D’autant plus lorsque le présent est sombre ou l’avenir incertain. Je me souviens d’une conférence de Stephan Hessel, qui disait ô combien à son époque avec les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, il était dur de s’imaginer que le monde changerait. Pourtant, ses paroles m’avaient touchées en ce temps-là et convaincues que rien est insurmontable, qu’il faut s’indigner !

C’est pourquoi je m’indigne contre le dictat du pessimisme et de la pauvreté imaginaire. Contre les franchises qui étirent un bout de scénario pour faire de l’argent (Marvel, Avatar, Star Wars et j'en passe), contre les capitalistes qui voudraient vous nourrir de rêves de réalité virtuelle, d’IA qui se prennent pour des artistes ou de colonisation de Mars, alors que l’enjeu est ici, entre nos mains, dans votre capacité à imaginer et à investir des imaginaires. Il est beaucoup trop simple de se laisser aller au pessimisme ambiant et plus dur de s’en nourrir pour créer quelque chose d’éminemment optimiste, c’est justement mon cheval de bataille. Pour être tout à fait sincère avec toi, je ne suis pas toujours positif, de nature oui, mais par moments l’actualité me pèse, l’humanité me désespère tant que je n’arrive pas à lui imaginer une heureuse issue. J’ai canalisé cette négativité, cette angoisse, qui n’est pas mauvais entendons-nous, c’est humain de ressentir cela, lui laissant libre cours dans une nouvelle, Le Poison d’Arraon, pour qu’elle ne me dévore pas, je t'en parlerai plus bientôt.

Ainsi, l’espace d’un récit, à peine 90'000 mots dans lesquels je me laisse l’opportunité de ne pas concevoir d’espoir pour l’humanité, exit le bouclier du héros, dehors les règles de bonne conduite, dans cet espace je me suis permis d’exorciser ce désespoir. Quel bien ça fait, lecteurice, imagine ! N’étant pas philosophe, je ne cherche pas réellement à arriver à une conclusion, cela n’était pas mon but, j'avais un besoin, celui de vous partager une de mes préoccupations qui influence mon rapport à l’écriture. J’ai réalisé en t’écrivant cela que si je ne rédigeais pas ou peu de récit de SF alors que justement c’était mon genre préféré quand j’ai commencé à écrire c’était à cause de son pessimisme actuel, alors que la fantasy me semble permettre bien plus d’évasion et d’étincelles. Tout comme la littérature jeunesse le permets encore plus. Espérons qu’un jour prochain la science-fiction elle aussi puisse à nouveau me faire rêver comme le faisaient les auteurs des années 50.
P.S. Pour les couvertures des articles du blog, j'utilise parfois des images générées par IA (comme celui-ci) en attendant de trouver le temps nécessaire pour créer les bonnes photos ou illustrations de mes propres mains. Merci de votre indulgence.
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